Sous le mur du silence

J'ai arpenté le gris des terres,
Le vent ingrat, le bleu des mers,
Pour t'enivrer du cri des cieux,
Au large des souffres amers

Mais hélas…

Nous n'irons plus jamais,
Sur ces terres arides,
Maquiller les regrets
D'un amour fratricide,
Nous n'irons plus jamais,
Caresser l'horizon,
Qui parfois nous guidait,
Vers les mortes saisons...

Nous n'aurons plus jamais,
L'envie de nous blottir,
Sur le blanc des sommets,
Que nous vîmes flêtrir,
Nous n'aurons plus jamais,
Cette étrange indécence
Que parfois simulait,
Notre folle insouciance...

Nous ne verrons jamais,
Le vert de ces collines,
Qui parfois suspendait,
Nos envies assassines,
Nous ne verrons jamais,
Ces lointaines contrées,
Qui parfois s'échappaient,
Sur des bouts de papier...

Nous ne tisserons plus,
La laine des hivers,
Sur nos corps mis à nus,
Sous l'embrun des prières,
Nous ne tisserons plus,
De ce fil d'argent,
Qu'un amour exigu,
Qu'on jugeait indécent...

Nous ne veillerons plus,
L'avenir incertain,
Ces souvenirs déchus,
Que frôlait le chagrin,
Nous ne veillerons plus,
L'océan déchaîné,
Ce désir d'inconnu,
Qu'on aimait à rêver,
Il n'y aura plus d'adieu,
Pour briser les remparts,
Que l'ombre de tes yeux,
A l'abri des regards...

Ces mots que j'ai tissés
Grisent les pleurs masqués
Sous l'antre de mon être,
Ces mots me font glisser,
Mais restent condamnés,
Au règne du paraître...

Ces vers que vous pleurez,
L'instant de la pitié,
Auront raison de nous...

Ils carderont la haine,
Des branches de l'ébène,
Envers et contre tout...

Cette ombre qui nous guette,
Au gré du temps, se jette,
Dans l'absurde inconscient,
Nous saignant peu à peu,
Du désir d'un adieu,
Je vous en fais serment...

Je n'ai su lire entre nos rimes,
Qu'un fier parfum d'inachevé,
Un clair de lune aussi infime,
Que le passé nous a volé...
La déchirure se bat vaillante,
Mais la blessure reste vivante,
La volonté nous abandonne,
Et le silence nous fredonne,
D'achever cette tragédie,
Qui périra dans la souffrance...

Le coeur est audacieux,
Je vous en fais l'aveu,
Et porte à tout jamais,
Le fardeau des regrets

Sous le ciel indolent,
Pleurent les vieux amants,
La pluie se meurt chagrine,
La vie se noie, mesquine,
J'aurais voulu mourir d'aimer,
Pour cet instant d'éternité…